Entretenir la flamme
- mgangath
- 24 oct.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 nov.
Faire chambre à part peut contribuer à la longévité d’un couple et permet même, dans certains cas, d’éviter un divorce. Une entreprise, une institution qui fait appel à un·e consultant·e, c’est un·e conjoint·e qui sollicite un·e sexologue ou autre thérapeute, pour l’aider à trouver une issue favorable aux difficultés rencontrées. Les ménages qui font « appel à un·e ami·e » pour servir de médiateur-trice, se rendent vite à l’évidence : difficile pour cette personne de rester neutre et impartiale.
La vie de consultant·e offre plusieurs avantages : changer régulièrement de client et de secteur d’activité, casser la routine avec des déplacements fréquents. N’être membre ni d’une équipe ni d’une organisation donne une liberté sur le fond et parfois la forme. Cette liberté, lorsque pleinement assumée, permet de réellement questionner les pratiques. C’est là que se trouve la valeur ajoutée d’un·e consultant·e. Avec le temps, les avantages listés plus haut peuvent néanmoins se révéler sources de rupture avec cette activité. On cherche in fine à intégrer une organisation avec un poste à responsabilités afin de mettre à profit les années d’expérience. Quel impact a ce changement de rôle ?
Pour qui a développé son sens de l’observation en se situant à la marge ; certaines « maladies » chroniques aux entreprises et institutions sautent aux yeux. La lune de miel peut donc s’avérer très courte. La liberté de discours qu’offrait l’ancien statut peut devenir une source de conflits. L’amour ne rend pas aveugle. Il est primordial dans ce cas de choisir ses batailles tout en restant intègre. Car, questionner les dysfonctionnements d’une entreprise ou d’une institution peut s’avérer coûteux pour un·e consultant·e « interne ». La devise qui dit de « ne pas se coucher fâché » s’applique difficilement au sein des organisations. Contrairement à l’intervenant·e externe, l’interne paiera le prix de son esprit critique dès le lendemain, à travers des attitudes que l’on peut, dans certains cas, qualifier de Mobbing. Alors, comment entretenir la flamme dans ce contexte ?
À l’image de la création d’une communauté, comme le souligne si bien bell hooks, apporter de la structure afin de rendre l’organisation fertile demande de « l’engagement, de la constance et de la discipline ». De l’engagement, il en faut pour suivre ses valeurs, avoir le courage de prendre position, de reconnaître ses erreurs et les réparer. La constance est quant à elle nécessaire pour ne pas se laisser porter par une sensation de « déjà-vu ». Le troisième accord Toltèque s’applique tout à fait dans ce cadre puisqu’il importe « ne pas faire de suppositions ». Éviter autant que faire se peut les jugements hâtifs permet de ne pas s’arrêter à la surface des choses. Comme nous l’enseigne Yann Le Bossé, « la capacité à lire la situation dans toute sa complexité s’avère stratégiquement plus essentielle que la maîtrise d’une technique d’intervention ». Il s’agit de faire de la discipline son essentielle pour questionner dans le but de clarifier les situations, les propos tenus, et rechercher une compréhension commune ; car une organisation efficace repose en bonne partie sur « l’art de faire ensemble ».
Se méfier des évidences en cherchant à se distancer des croyances, connaissances ou habitudes de pensées peut aider le·la consultant·e « interne » à se laisser surprendre pour tenir sur la durée : tout comme dans une relation amoureuse.
Melvine Gangath






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