Des talents disciples de la discipline ?
- mgangath
- 15 juin
- 2 min de lecture

« Il n’y a pas de liberté sans contraintes » ! La première fois que j’ai entendu cette phrase, je ne l’ai pas du tout saisie. Liberté et contrainte, ces deux idées me semblaient totalement antagoniques. Puis le temps a fait son effet ; enfin l’angoisse du temps qui passe surtout. Cette dernière est très certainement liée au fait que l’on n’utilise pas notre temps pour des choses qui nous épanouissent réellement. Cette sensation de gaspillage, de passer à côté de quelque chose ou simplement de ne pas vivre pleinement est fortement liée à la manière dont nous le dépensons. Faire preuve d’une aptitude particulière pour une activité technique, artistique, ou autre nous pousse souvent à la paresse voire à l’orgueil. Pourtant, nous sommes si peu à exploiter et jouir de ces cadeaux reçus à la naissance. Alors, pourquoi seule une infime minorité y parvient-elle ?
C’est à partir du XIIIe siècle que le latin « Talentum », qui signifie « don du ciel ou aptitude spécifique », s’impose dans le langage courant. Le talent désignait, à l’époque antique, la plus lourde unité de mesure de poids devenu ensuite, une pièce d’or ou d’argent ayant la valeur la plus élevée. Ce glissement vers l’idée de cadeau, nous le devons à l’évangile selon Matthieu. Encore faut-il savoir identifier ses dons puisque la notion de talent est un concept individuel flou, mais qui renferme un potentiel de développement. La solution se cacherait-elle derrière nos désirs ?
Revenons à notre citation : « il n’y a pas de liberté sans contraintes ». Parce que le temps nous est compté, nous avons besoin de le planifier sans quoi rien ne se fait. Même les moments d’oisiveté totale devraient également l’être, c’est dire ! Structurer notre temps libre peut au premier abord être perçu comme une contrainte dans un quotidien qui nous semble déjà très cadré. Pourtant, cela nous aide à y insérer les choses, les activités qui nous épanouissent. C’est alors que la contrainte devient une source de créativité, d’inspiration pour le développement de nos talents. Mais tout ne s’arrête pas là. Encore faut-il y ajouter une exigence supplémentaire : la répétition. Aussi désagréable que cela puisse être, reprendre les gestes, les choses selon les mêmes modalités nous permet d’atteindre un haut niveau de maîtrise. Une fois ce dernier atteint, nous voilà prêts à casser les codes. Quel que soit le talent, en maîtriser les codes permet d’aller au-delà, c’est-à-dire innover, surprendre, proposer quelque chose d’unique, hors des sentiers battus. C’est cette liberté-là que nous offre le cadre. La contrainte est source de pouvoir d’agir pour proposer son style, sa vision. Alors oui, la nature peut nous avoir richement dotés, mais le talent ne vaut rien sans contraintes, sans répétition et sans discipline.
Melvine Gangath




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