Douter curieusement
- mgangath
- 15 juin
- 2 min de lecture

Un autre regard sur l’actualité, c’est ma proposition après l’élection de Trump qui nous plonge dans une incertitude macrosismique. Je vous invite, à travers cet article, à embrasser le doute. Bonne lecture.
Concept méthodologique
S’agissant de nos dissertations, thèses et autres exercices intellectuels, le doute reste un concept méthodologique majeur qui nous incite notamment à varier, confronter nos sources. L’incertitude a de fait une fonction pédagogique puisqu’elle transforme le cours d’une réflexion en une expérience solitaire ou dialogique. Elle ordonne une progression à travers la remise en cause des connaissances accumulées à un instant T. Elle est également un repère dans le processus de construction d’une réflexion et historise la pensée. Dans la quête de la connaissance et la compréhension, le doute rompt avec le dogmatisme qui menace tout travail de recherche, tout exercice intellectuel qui s’inscrit dans le temps long.
“Ce que l’on sacrifie élargit notre horizon à l’infini”
Incertitude émotionnelle
Contrairement au monde académique où le doute intellectuel est valorisé, l’effondrement de notre système de croyances est majoritairement vécu comme un séisme de magnitude 9 sur l’échelle de Richter. Un divorce, le décès d’un proche, la maladie ou un licenciement provoque souvent une perte de repères majeure qui peut avoir un effet dévastateur sur nos vies. À l’origine, le verbe « douter » dont le sens évolue vers « craindre » au XIe siècle vient du latin « dubitare », synonyme d’« hésiter ». Impossible à ce jour d’expliquer la cause de ce glissement. Cette progression vers la notion de peur en dit long sur notre rapport au doute, à l’incertitude émotionnelle. L’ampleur du phénomène est telle que « je ne sais pas » fait partie des expressions à bannir, surtout dans le milieu professionnel. Dans un contexte occidental, l’avancée vers ce concept flou qu’est la « modernité » a-t-elle pour conséquences de creuser l’écart entre le ressenti et l’intensité des secousses de la vie ? Face à notre besoin de contrôler, d’évoluer dans un cadre sûr : comment faire face aux ruptures ? Que peut nous apporter le doute ?
Opportunité de changement
Accepter le doute c’est accepter ses failles. C’est identifier l’hypocentre, c’est-à-dire le point de départ, le foyer du tremblement que l’on vit pour mieux prévenir et affronter les répliques. Accueillir le doute nous permet de nous alléger afin d’entamer un processus de reconstruction puisque : « ce que l’on sacrifie élargit notre horizon à l’infini ». L’incertitude est salutaire dès lors que l’on prend conscience de son potentiel heuristique, car elle reste une occasion de s’éveiller à autre chose pour développer la curiosité dans notre quête de réponses. Elle peut même avoir pour effet de renforcer les croyances et certitudes que l’on pensait anéanties. Le doute devient alors une expérience critique, un moment d’instabilité et d’impuissance plus ou moins imposant qui ouvre des portes à de nouvelles perspectives. Il est une opportunité de changement pouvant être saisie et exploité à notre bénéfice. Alors contemplons le doute, laissons le vide qu’il crée nous submerger et nous transformer.
Melvine Gangath




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